Jour de marché [PV Abigail]

Le bruit des vagues s'écrasant sur le mur des docks italiens était si reposant. J'avais pris l'habitude de venir ici pour me détendre le mardi, jour du marché, où je venais récolter l'argent que les vendeurs devaient à la famille Lambertoni. Cela m'aidait à m'échapper, penser à autre chose que mon job.

Ardenza était une île, donc forcément il y avait la mer, et les flux de gens et de marchandises nous arrivaient par voie maritime. Il fallait dire que le port était relativement actif et développé, et nous en avions bien besoin. mais il n'y avait pas que cela qui m'amenait ici. Cela faisait quelques semaines que je voyais cette fille. Je ne lui avais jamais parlé mais nos regards s'étaient croisés plusieurs fois et nous avions tous deux rougi. Il régnait une certaine tension, ni méchante, ni sexuelle, loin de là. C'était quelque chose de plus... enfantin ne serait pas le bon mot mais c'est comme cela que je ressentais les choses. Je me sentais tel un enfant qui croise le regard d'une petite fille.

Nous étions mardi et comme tous les mardis, je me rendis sur le lieu du marché. Je me devais de faire mon travail. Je devais bien cela à la famille Lambertoni après tout. Je les respectais comme ma propre famille, il fallait dire que c'était l'équivalent, ma famille adoptive. Deux parents, trois frères et la famille un peu plus éloignée.

J'arrivai finalement sur le lieu marchand et je me mis à faire mon travail. Cela ne me déplaisait pas plus que ça malgré les râles de certains. Pour ceux qui résistaient le plus, je les laissais, les gros bras de Sebastiano ou Sebastiano lui-même se déplaceraient. Il était clair que ce n'était pas moi qui allait faire cela. Ce n'était tout simplement pas mon genre. J'intimidais dans le plus grand des cas, en guise de dernier avertissement.

J'avais fait le tour des marchands et récupéré tout ce que j'avais à récupérer. Et comme ma routine me le dicta, je me dirigea vers les quais, où j'avais pris l'habitude de la voir, où j'avais l'habitude de rougir avant de repartir sans un mot. Sans grande surprise, je la trouvai, assise sur un banc. Ses cheveux étaient encore tressés, comme chaque fois que je la voyais. Elle semblait si... seule. Mes jambes ne s'étaient pas arrêtées et ce n'est qu'à deux mètres d'elle que je me stoppai, ne sachant quoi faire.

- Bonjour.

Elle m'avait vu venir, aussi s'attendait-elle à ce que je parle. Elle avait l'air troublée par ma présence, il fallait dire que l'on ne s'était jamais parlé et que je ne savais pas pourquoi j'avais fini par la saluer.

- Je te vois toujours seule assise sur ce banc le mardi. La mer te plaît tant que ça ?

La mer. Paysage d'émotions. Ce sujet était le premier qui m'était venu et cela ne me semblait pas trop étrange. J'avais toujours aimé son physique de loin mais maintenant que j'étais en face d'elle, je remarquai l'aspect angélique que son visage dégageait. Un ange, ou plutôt une déesse, du moins une quelconque divinité. C'était l'image que me renvoyait son doux visage et sa coiffure tressée.