Le Marcella

Le Marcella est le plus grand des trois bars d'Ardenza et il s'agit du bar qui a été ouvert le plus récemment. Il est réputé pour ses cocktails, alcoolisés ou non, qui, bien que chers, attirent beaucoup de gens. Ce sont souvent les jeunes italiens fraîchement majeurs ainsi que les touristes de passage qui s'y rendent. En arrivant dans le bar, vous y verrez au centre des tables rondes pouvant accueillir jusqu'à quatre personnes chacune. Elles sont entourées de simples chaises de bois. A votre gauche ainsi qu'à votre droite, il y a non pas des chaises autour des tables, mais des fauteuils en cuire noir sur lesquels sont disposés des coussins rouge. Au centre de chaque table est posé un petit bol argenté qui fait office de cendrier. Les lampes rougeâtres peuvent faire penser aux tentacules d'une pieuvre, impression accentuée par la couleur bleutée de la peinture qui recouvre les murs et le plafond. Au sol se trouve un parquet chevron plutôt clair sur la gauche et foncé sur la droite. 

Au fond du bar, une zone est réservée aux grands groupes venus pour faire la fête : s'y trouvent donc des tables rectangulaires qu'il est possible d'accoler les unes aux autres pour en faire une seule et grande table. Des rideaux bleus permettent d'isoler le groupe du reste du bar s'il le souhaite. Sur votre gauche en entrant, vous verrez le bar lumineux devant lequel sont placés huit tabourets hauts en bois. Si c'est la première fois que vous venez, il est fort possible que vous demandiez où se trouvent les toilettes, car la porte est dissimulée derrière un rideau bleu. De la musique s'échappe continuellement d'haut-parleurs et, parfois, il est un peu complexe d'entendre parler son interlocuteur. Il est permis de fumer dans le bar, chose que certains apprécient plus que d'autres. Les non-fumeurs évitent pour la plupart de venir dans ce bar pour préserver leurs poumons.

Le propriétaire du bar n'aide jamais la serveuse, Lucianna, à servir les clients. Il se contente de sortir parfois de son bureau pour vérifier que la demoiselle fraîchement embauchée travaille bien. Cet homme se nomme Gilberto Barattini et est réputé pour son mauvais caractère. Il ne sourit jamais, semble toujours de mauvaise humeur et ne donnera jamais un coup de main à son personnel, même si un verre venait à être renversé devant lui : il ne nettoierait rien. Macho, il ne supporte pas de voir des femmes boire, car il considère que les boissons alcoolisées ne sont pas faites pour elles. Il lance donc des regards mauvais aux clientes qu'il voit avec un verre contenant de l'alcool. Physiquement, il est plutôt petit pour un homme, ne mesurant qu'un mètre soixante-huit. Il a des cheveux courts, bruns, et une barbe qu'il n'entretient pas vraiment. Malgré ses kilos en trop, il a assez de force pour soulever de terre les jeunes qu'il veut faire sortir de son bar. 

Cela faisait maintenant, plusieurs mois qu'elle bossait au Marcella. Plusieurs mois, qu'elle était dans ce bar de seconde zone avec un patron feignant autant que pervers et vicieux avec la brune. Pas étonnant qu'il n'est jamais pu garder du personnel celui là.. Lucianna prenait pour tant sur elle même car elle avait besoin de fric, comme tout le monde me direz vous, mais le seul avantage pour elle c'est qu'elle savait. La brune savait qu'ici, aucune de ses vieux « amis » ne viendrait boire des verres. Luc' négociât avec brio son jour de repos lorsque la taxe se devait de leur être réglée. Cette journée là et cette soirée là c'était son collègue Rodrigue qui travaillait seul, cet homme dans la fleur de l'âge n'avait pas tenté de jouer les curieux, il n'avait d'ailleurs que peu de chances de la voir se confier à lui. Leur patron lui avait notifier qu'à cette date, il serait seul, et il accepta. En même temps, pour le peu de présence dont il faisait preuve, il ne pouvait qu'accepter. Revenons on en à cette journée de début novembre qui commençait comme toute les autres, Lucianna, habillée d'un jean noir moulant, d'une paire de bottines noires et d'un petit pull blanc moulant toute les parties de son corps, et de sa sempiternelle veste en cuir noir, arriva avec environ quinze  minutes d'avance au bar. Le patron, comme toujours ne serait pas là de bonne heure, et elle se devait de faire toute la mise en place du lieu pour qu'il soit décent pour les clients. Une fois tout près, elle patienta, attendant les habitués du matin qui ne cherchaient plus à la draguer depuis l'incident avec Mr Spinoza. Cet incident qui failli la faire virer, et pire la faire  repérer, mais le gros lard tint sa bouche fermée/ Quant au  patron, après de longue minutes à la détaillé de la tête aux pieds avec ce regard écoeurant, accepta de la garder. C'est comme ça qu'elle devait, le soir surtout, supporter les remarques salaces, déplacées et quelques gestes outranciers de la part de la gente masculine (clients les plus présent ici, sans étonnement) . Bref, la matinée se passa sans encombre, elle parvint même a faire quelques sourires forcés à deux clients assez sympathique dans le fond, qui la soutenait et tentait de la faire partie d'ici. Cela l'agaçait et l'amusait à la même force, ne supportant pas qu'on se mêle de sa vie mais ça l'amusait car elle comprenait très bien que l'un comme l'autre pensait devenir une sorte de héros pour elle si il la sortait de là..

*Quels pauvres types.. Enfin comme ils disent en France l'espoir fait vivre, alors autant leur laisser cette petite source d'espoir au moins ça m'évitera d'avoir à en venir à me battre une nouvelle fois avec eux. Car connaissant ces alcoolos si je les rembarres trop violemment, ils ne seront plus aussi « sympa »... *


Comme souvent, la jeune femme ne prit que quelques minutes de pose le midi afin de fumer une cigarette et grignotter un sandwich qui finissait le plus souvent à la poubelle, avant de reprendre pour le service de l'après midi, service le plus calme. Le Marcella, bien qu'il soit le plus grand et le plus récent bar du village, n'attirait pas en journée, c'était le soir surtout que la foule se massait devant pour profiter des cocktails étonnament bon qu'on leur servait. De plus, comme dit plus haut c'tait principalement des hommes qui venaient ici, la gente féminine aillant très vite compris qu'elle n'était pas la bienvenue ici, en vrai elles étaient surtout mal à l'aise en voyant le regard parfois envieux du patron. Il paraitrait même, que l'une des clientes avait été jusqu'à aller à la police pour se plaindre de se comportement envers elle, bien entendu il n'eut rien.. Les gradés fermaient les yeux sur son comportement pour quelques verres offerts.. Bref, la brune s'était plus ou moins habituée à tous ça, et ne s'en mêlait aucunement. Pour en revenir au moment présent, la jeune femme entendit la porte du bar s'ouvrir, et une personne s'installer  en salle, terminant de nettoyer les verres à l'arrière du bar, elle n'alla pas directement vers le client. Cependant, au bout d'un moment il fallait bien qu'elle aille s'en occuper, prenant alors son calepin, son stylo, elle se tourna vers la salle et après une fraction de secondes, repéra la personne assise à une table, clope en main qui attendait. Cette personne, une femme, ça  le patron n'allait pas aimé , semblait agacée d'attendre. Un petit sourire forcé mais convaincant sur le visage Lucianna alla la voir. Ne sachant pas si son interlocutrice parlait italien, la brune s'adressa à elle, avec un anglais quasi sans accent.

Bonjour Mademoiselle, bienvenue, souhaitez vous la carte ou savez vous déjà ce que vous souhaitez boire ?

La voix professionnelle, le regard neutre, comme absent, Luc' patienta le temps que l'apparente étrangère commande ce qui lui ferait plaisir.

Lucianna, profita du silence entre sa cliente et elle-même pour l'observer rapidement. A sa peau il était une évidence, que la jeune femme venait d'un autre pays. En voyant sa tenue sombre, ses piercing, sa crête, il était clair qu'elle se donnait un genre dur et rebelle. Seulement, si l'on s'arrêtait à son regard, derrière toute ces distractions de style, on pouvait deviner une personne qui avait souffert mais, également, qui savait encaisser les coups quelqu'ils soient. De plus, cette étrangère, sans l'ombre d'un doute perspicace, ne semblait pas être de celle qui poussait les gens autour d'elle à parler, elle respectait le silence du monde qui l'entourait et ne cherchait pas à s'imposer.

*Une fille qui plairait bien à Brook' et Seb... Il lui trouverait bien des choses à faire s'il mettait la main sur elle. Et elle grimperait vite dans la hiérarchie. *

Sans que la jolie brune ne le veuille et encore moins le reconnaisse, une légère bouffé de jalousie ainsi que d'envie de voir les fratries Lambertoni et Ferruci s'insinua en elle. Heureusement que la demoiselle, qui finissait sa cigarette lui demanda une pression. Au moment ou la Contini s’apprêtait à faire demi tour, une question enrobé d'une politesse exagérée et sur faite, lui parvint aux oreilles. Sans répondre, la jeune femme lui jeta un regard et se détourna réellement, c'est à ce moment que la cliente lui. Proposa? De l'accompagner jusqu'au bar pour prendre sa bière. Avant même que Luc' n'ai pu lui répondre, l'étrangère se leva. Hochant alors la tête en signe d'assentiment, la serveuse, prit le chemin du bar. Une fois derrière le comptoir, la bellassima chopa un verre à bière, alla jusqu'à la tireuse, puis arrêta rapidement son geste. D'une voix agréable, de « commerçante » Lucianna s'adressa à son interlocutrice.

Je ne sais pas si je pourrais vous renseignez sur quoi que ce soit mademoiselle. De surcroît, je ne suis pas certaine, qu'il vous faille tout savoir sur ici, Ardenza est... Comment dire, rien qu'une façade, une décor de carte postale le derrière du décor est inintéressant, car comme partout, il y a des travers, comme des bons points ici. C'est banal et sans grande surprise. Croyez moi ! Par contre je sais que je suis censée vous servir des bières bien Italienne, mais j'ai.. Convaincu mon patron de prendre une bière Anglaise, une basique, de la Guinness blonde. Cela vous plairait peut être plus ?

Toujours le bras suspendu au niveau de la tireuse, la brunette patienta quelques instants la réponse, qui serait probablement suivie d'autres demandes sur le village, car elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas été convaincante. Car même si, elle pouvait jouer son rôle en temps normal, aujourd'hui était un jour délicat pour elle. Ce jour là, elle n'aurait pas du bosser, mais rien ne se passait comme prévue..

La jeune femme comprit qu'elle avait eu raison de proposer la bière blonde à l'étrangère quand cette dernière eut un vrai sourire, un sincère. Avec des gestes mécanique quoi que gracieux, elle pencha le verre suffisament pour que la mousse ne soit pas trop abondante et baissa la manette de la tireuse à bière. Avec un rapide coup d'oeil sur le verre, elle vérifia le niveau et redressa la chope afin de finir de remplir le verre. La brune s'appretait à poser le verre en face de celle qui allait le boire quand un courant d'air indiqua que la porte s'ouvrait. Instinctivement, la Contini releva la tête et crispa la main.

*Mio Dio .. Ils ne sont pas en retard... Mais.. C'est Angelo. !*

Quand elle eut reconnu le jeune homme, elle ne put s'empêcher de regarder derrière lui voir si Il était présent. Car elle se rappelait, qu'à l'époque, bien qu'il ne s'entendait pas forcément, les deux garçons étaient rarement l'un sans l'autre. Mais elle fut soulagée de ne pas voir l'aîné de la fratrie.  Au son de la voix du jeune homme, Lucianna eut un mouvement presque imperceptible de recul. Se ressaisissant, la demoiselle s'adressa au souffifre des Lambertoni d'une voix un peu moins chaleureuse que celle avait laquelle il leur avait parlé à elles deux.

Bonjour Angelo.. Personne ne sait que je suis ici, alors je te serais gré de ne pas ébruiter la chose. Mais je vais bien merci, et toi ? Tu es venu faire les basses besognes à ce que je vois..

Elle tourna son visage vers la cliente à la bière anglaise afin de lui parler à son tour.

Quand à vous.. Blanche neige, je vois à votre physionomie que vous êtes une personne forte mais surtout maligne. Alors exploiter donc ces qualités en ne vous attardant pas dans ce village, bien plaisant et bien compliqué. Pour votre bien, il me semble pas nécessaire de répondre aux questions que vous allez poser, surtout que je crois que vous en avez deviné tant qu' assez.  

Regardant une nouvelle fois Angelo, elle lui parla une nouvelle fois aussi.

Angelo.. Le patron se trouve dans son bureau, tu connais très certainement le chemin, alors je ne te retiens pas plus longtemps au comptoir. De plus, le Pa.. Seb'  ne sera pas satisfait si tu t'attardes trop.. Tu le sais il aime que ses.. amis soient à l'heure à leur rendez vous avec lui !


Sans plus de cérémonie, elle s'éloigna des deux jeunes gens et fit un tour des tables afin de s'occuper les mains afin de ne pas penser que sa tranquillité avait été de courte durée. Une fois que tout fût nettoyé, elle observa quelques secondes Angelo et l'étrangère avant de se décider à sortir fumer une énième clope, avant d'affronter la curieuse et le mafieux.

La serveuse avait les nerfs de plus en plus à cran, le jeuen homme était venue lui dire une dernière parole avant de partir voir le patron du bar, qui ne quittait que rarement de son bureau. Surtout à cette période du mois, comme s'il espérait toujours, stupidement, qu'ils l'oublieraient. La cigarette qu'elle avait allumé se consumait toute seule, la serveuse ayant la tête tourné vers le ciel, les yeux dans le vide. A la voir ainsi de dos, on ne pouvait pas croire qu'elle était la bobonne de la boutique, d'ailleurs, la tout de suite, elle ne songeait qu'a une chose quitter ce lieux, peut être même ce village, aller dans un village plus ou moins voisin, pour permettre à son objectif d'être atteint sans trop attirer l'attention sur son retours. Malheureusement, il y avait de forte probabilité qu'il était dejà trop tard, ou qu'il le serait très rapidement. Elle pouvait une fois encore tout quitté sans rien emmener ou presque, mais cela ne lui plaisait pas cette idée. La brune ne voulait plus fuir, elle ne souhaitait pas que l'autre gagne une fois de plus. Un élan de colère lui empoigna le cœur, au moment même ou le ciel,qui se couvrait il y a juste quelques minutes, lâcha des trombes d'eau. Comme si, la nature répondait à son désir de colère, de veangeance et de tristesse. Ce fut à ce moment, que son cher patron, qui devrait se concentrer sur le sbire de la famille tapa au carreau pour la faire stopper sa micro pause.

Il fait chier celui là.. Qu'il s'occupe de son derche.!

Néanmoins, elle écrasa la cigarette par terre de sa bottine, et rentra dans la salle et aperçue une nouvelle cliente qui foutait de la flotte partout.

*Et merde.. Je vais encore devoir me taper le ménage. Merci à vous trop aimable de vous abriter ici et tout dégueulasser.*

Fulminant, contre la dernière venue sans que sa ce remarque sur son visage, elle passa derrière le bar, et prit une serviette que la brune alla donné à la jeune femme dont le visage lui était familié.

Bonjour, tenez, prenez ça et allez vous asseoir ou vous souhaitez, je reviens vers vous dans un instant pour votre commande.

Retournant derrière le bar, elle observa l'étrangère siroter sa bière, un instant en silence, puis se penchant vers elle, un sourire ironique, Lucianna lui parla doucement.

Ecoute blanche neige.. Je me doute bien que tu as compris pas mal de chose concernant ce charmant lieu. Mais je te le répète soit maligne barre toi de là. Si tu as besoin de fric pour partir, je suis prête à t'en filer. Ce sera toujours mieux de ravaler sa fierté de prendre cet argent et aller dans une ville un peu moins problématique. Car une fois que tu entres dans leur filet tu n'en sort pas entière. Crois moi, je sais largement de quoi je parle. Tu ne sauras que dalle aux yeux du Padre, quoi qu'il se passe, tu ne pourras te défendre ou te venger !!

La Contini se tut un instant, agacée d'avoir dévoilé de tels propos pouvant faire comprendre son passé. Elle se releva donc, pour conclure.

Cependant, si tu n'en as que faire de mes paroles et bien.. Bienvedido à Ardenza..

Sans rien ajouter de plus, elle se composa son visage de bonne petite employée, et avec sourire alla voir si la détrempée avait choisit ce qu'elle voulait consommer.

Bienvenue au Marcella, que souhaitez vous boire ?

En attente d'une réponse, elle posa la pointe de son stylo sur le calepin et tapota ce dernier comme pour égrainer les secondes.